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On est pas content, on le dit, et on en est fier!

Médias Taquins...

Publié le 21 Novembre 2013

"Taquin" est un de mes mots favoris.

Appliqué aux Médias de grande écoute, le sens change et devient un sport, parfois sport de combat.

Avec l'affaire Abdelhakim Dekhar on rentre directement dans la catégorie Ju-ji-tsu de l'info... et c'est pas triste!

...

...

  • De la vérité, sur la Mecque!


En théorie, le traitement de l'information se doit d'être le plus proche de la réalité possible, de manière à distiller vis à vis des lecteurs, non pas une interprétation des événements qui les rangent dans la catégorie "Pamphlet", mais une information objective et loyale vis à vis d'un lecteur qui n'a pas les moyens (juridiques, pratiques...) d'enquêter par lui même.

"Mais alors," me direz vous "cela veut dire que la Presse n'a pas à prendre parti?"

Ce qui me fera répondre unanimement un non franc et décidé.

La presse doit prendre parti, mais elle doit le faire dans l'analyse des événements, pas dans la présentation, de manière a préserver l'objectivité et la vérité des faits présentés dans un article.

Certains d'entre vous, espiègles, m'objecterons -en songeant à leurs cours de Philo de terminale- que l'objectivité totale est un mythe et que l'humain ne peut prétendre a répéter quoi que ce soit sans altérer l’événement de base.

L'exigence de la vérité est au delà de la capacité d'expression humaine, sans parler du fait que le Temps altère lui aussi une éventuelle répétion d'un événement, que ce soit en le rejouant, ou en le décrivant: on ne réunira jamais exactement les mêmes conditions d'une part et notre vocabulaire nous limite ou ne décrit pas exactement, au mot prêt, toute une situation d'autre part.

Donc la description d'un fait par un journaliste est nécessairement infidèle et on ne peut faire un procès aux médias pour cette limite, sommes toute bien humaine.

Sauf que le fossé est tout de même large entre l'inexactitude légère et la torsion des événements et donc de la vérité.

Prenons un exemple concret.

Pippo et Jojo sont en train de discutailler autour d'une bonne terrine de cerf au coin du feu dans la maison de ce dernier, en Bretagne. Le détail a son importance.
Soudain tombe sur eux l'envie d'aller se dégourdir les gambettes en arpentant joyeusement quelques plages de sable fin, ou la lande.
Sortant hâtivement de la demeure, que ne sont ils pas surprit: il flotte à plein seau!
"Mince, ami Jojo" dit le premier des compères "nous allons nous prendre une sacrée radée car il pleut sa mère!"
"Que nenni, brave Pippo" lui répond le second, "tout juste un bruine réconfortante, arrête de faire ton 'pour tous' et secoue toi les miches!"

Sur ces entre-faits arrive un scientifique à qui ils font part de ce temps "à pas sortir un connard dehors" (attendu qu'en Bretagne il ne pleut que sur les cons)

et qui leur tient ce langage:

"Messieurs, vos définitions sont tout à fait méritantes, car elles sont simples. Toutefois, si l'on veut bien définir l’événement qui nous dégringole dessus, ne serait il pas plus vrai de dire que des vapeurs (une forme d'agitation des molécules) d'eau (H20) atmosphérique (c'est à dire situé au dessus du niveau de la biosphère) se sont condensé (c'est à dire sont passé d'un état gazeux à un état liquide) pour former des gouttes qui sont elles mêmes... etc

le scientifique parla pendant plus d'un heure, chaque définition en appelant plusieurs autres. Finalement la pluie s'arrêta. Puis le nuit vint. Il y eut un jour, il y eut un matin, ce fut le premier jour.

Au bout de quelques mois Pippo et Jojo étaient retournés à d'autres terrines, autour des portiques écotaxes et le scientifique dissertait toujours. Il disait la vérité dans la forme la plus parfaitement scientifique et tout le monde s'en foutait.

Ainsi dire la vérité avec moult détails est contre productif et rébarbatif, dire qu'il ne fait que bruiner est un mensonge destiné à produire une réaction voulue, et dire qu'il pleut est une vérité, certes partielles mais qui décrit correctement (sans plus) un événement circonstancié.

  • Quelle rapport avec l'affaire Abdelhakim Dekhar?

Me direz vous.

Celui ci: dans cette affaire les médias n'ont pas joués le rôle du scientifique, en nous faisant une analyse balistique de chacun des coups de feu.
Il suffit de savoir que Machin s'est fait tiré dans le gras, ça nous suffit. Et nous espérons un prompt rétablissement de ce monsieur, d'ailleurs.

Le journal doit vendre et, de nos jours, pour vendre un journal il faut qu'il soit composé d'articles rapides à lire, pour qu'on puisse les compulser pendant que son Iphone charge Candy Crush Saga, ou que Ghislain, l'amour de notre vie pour les deux prochaines années à venir, réponde à un texto.

Les médias n'ont pas plus tenu le rôle de Pippo, en décrivant alors un situation objective: "un homme inconnu à tiré sur..."

Les médias ont, au contraire, joué le rôle de Jojo: Un homme de type Européen* a tiré sur...

Si nous revenons à notre histoire liminaire nous observons que ce n'est pas à mal que Jojo dit qu'il bruine: sont but est de passer un moment de franche camaraderie a courir dans les salicornes et la bruyère.

Pas plus que Jojo, nos médias ne pensent à mal. Du moins pourrait l'espérer le naïf ou le Saint.

Leur logiciel de pensé est tout simplement infiltré par un malin Malware (comme on dit dans le jargon) qui les fait passer directement et sans transition de la rubrique "description des faits" a la rubrique "analyse des faits" sans passer par la transition qui informe le lecteur. Ce qui induit donc le lecteur dans l'erreur qu'ils veulent provoquer.

On appel cela un mensonge.

Est il intentionnel? Est il le seul fruit de la presse ou répète elle ce que lui dicte la police (on passerait alors directement au mensonge d'état et dans la catégorie "liberté de la presse" et "capacité d'investigation" de cette même presse) ou faisons nous face a un véritable mensonge, velu et trapu qui nous amène directement dans le vilain pas beau?

Pour ma part je crois fermement à la troisième solution matinée d'un autopersuasion de bon aloi.

En effet, la presse de ces trente dernières années a tant été occupé à chercher des racistes et des extrémistes de droite, a tant été occupée à diffuser la repentance à tout échelle, a tant été occupée à persuader les Français que la chance de la France patati-patata... que nos journalistes, benoîtement, dans un contexte où ils sentent la "rue", l'homme du peuple, leur échapper de plus en plus (ils appellent ça la "droitisation" de la société), se persuadent qu'il y a toute les chances que les méchants-pas-beaux-qui-tirent-sur-leurs-copaings-de-gauches soient les mêmes méchants que ceux qu'ils voient dans la Rue.

Et le méchant pas beau de la rue, ce réactionnaire, qu'ils traquent, dans leur tête est bien défini.

Il est blanc, parfois catholique, affilié avec l'extrême droite (dans un spectre large: on va du FN au renouveau français.) il est aussi antisémite, ignorant, homophobe, esclavagiste... il porte du Lonsdale, détient des armes à feux, à un portrait d'Anders Breivik accroché à coté de celui de Adolphe et lit tout les soirs quelques pages de l'un et de l'autre avant de réciter sa prière en latin et de s'endormir sur un oreiller en béton armé, dans son bunker d'où il ne voit pas le monde changer ,enfermé qu'il est par ses préjugés.

Je grossit un peu le trait, mais nous ne sommes pas loin.

Donc, une merde arrive, qui cela pourrait il être d'autre qu'un de ces méchants pas beaux homophobes-Nazis-Fachos-haineux...?

Loupé.

Comme lors de l'affaire Merah, où l'antisémitisme de l'acte avait fait passer le criminel pour un nazi (quoi, des personnes issues de l'immigration pourraient être raciste?!) les journalistes professionnels se sont bien gourés.

Le monde s'écroule encore une fois (je ne parle pas du journal, je parle de LEUR monde.) et leurs préjugés de comptoirs antiracistes et gauchisants des années 80 se trouvent balayés par une réalité qui, ma bonne dame, est bien triste.

Libération (cette fois le journal) découvre que leur boboïsation leur a même aliéné l'ultra gauche dont fait partie Abdelhakim Dekar...

La France découvre que le conflit Syrien et que la situation politique des pays Arabes et Maghrébins peut parfois violemment déborder sur l'espace publique français... ou au moins être l'excuse des fous.

Et on découvre au passage, que les anciens complices de criminels et de terroristes, en théorie surveillés par les services de police, peuvent se procurer des armes et tuer des gens sans que personne ne soit capable de sonner l'alerte.

  • Deux Poids?

Et puis on découvre aussi, et c'est le plus drôle, qu'on ne pourrait pas traiter de pareil manière, d'un point de vue journalistique, un extrémiste comparable, mais de droite: mettons Anders Breivik, dont il est évident que ce sont les idées qui l'ont amenés à passer à l'acte dégueulasse...

et un autre extrêmiste, mais de gauche cette fois ci, Abdelhakim Dekar, dont c'est évidemment la folie qui l'a poussé à agir.

Sous entendu: dormez tranquilles, braves gens, l'ultra gauche n'est pas un danger pour la population.

Point n'est ici question de minimiser la porter de l'un ou de l'autre. Les deux sont de dangereux malades dont il faut protéger la Société, comme de juste.

Par contre il est question pour nos médias d'ouvrir les yeux. Quelles sont les dangers, quelles discours sont porteurs de haines, quelles sont ceux qui passent à l'acte et ceux qui n'agissent pas (et dont on peut, du coup, se demander si leurs discours sont les plus virulents de la sphère politique?)

On peut se demander si il est légitime que les groupements antifa, les mouvements de l'extrême gauche qui appellent sans fards à la haine sociale, à la haine de tout ce qui n'est pas de gauche radicale, soit encore dans ce pays qui prône la paix civile, aussi peu rappelés à l'ordre...

On peut éventuellement se poser la question: qu'aurait on dit si le suspect avait été désigné par la Presse comme "de type Maghrébins" ou de "type asiatique" et que cela n'avait pas été le cas?

Il serait temps, tout de même, que les journalistes se rendent comptent que les moyens d'information ont changés, que le contexte de défiance des français vis à vis des institutions débordent sur eux, mais pas forcément à tort puisqu'ils sont pas eux même les artisans de leur propre ridicule: en faussant, biaisant les informations, en leur donnant un tour partisan qui n'est plus réservé à l'analyse des informations, il passent pour des menteurs, ce qui alimentent les thèses complotistes de toutes sortes.

Caroline peut aller se rhabiller, elle qui se plaint comme si elle s'adressait à une caste dans cette article, et qui du coup alimente elle même l'idée selon laquelle les journalistes sont tous les mêmes vendus... Le journaliste y est presque promu au rang de gardien de la Démocratie (rien que ça!) mais en même temps il faudrait que cette presse ne soit pas menacée pour ce rôle qu'on croyait pourtant, selon les mêmes, dangereux.

Peut être que quand les immeubles de presse deviendrons des Bunkers assiégé par les barbouzes, que la DCRI posera des micros dans les rédactions, et que l'ont interdira à la vente leurs papiers, peut être que c'est à ce moment que la Presse gardera la Démocratie.

Où en tout cas arrêtera de passer pour ce qu'elle est: un valais du Socialisme.

* Notons que les différents médias qui parlaient d'un homme de "type Européen" sont en train de gommer cette référence. Belle manière d'assumer ses erreurs.

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